Les grandes résistances, au féminin, (et cela tient aussi, évidemment, mais cela on le savait, au masculin) ne sont pas toujours celles que l’on croit. Emmy Hennings, en particulier dans cet ouvrage que l’on avait lu en allemand grâce à une bibliothèque et qui vient d’être, remarquablement, traduit par Sacha Zilberfarb, est de celle-là.

4° de couverture de Emmy Jennings, Prison, éd. Monts Métallifères, 2024.
On s’en rendra compte en lisant cette grande dame, mais encore faut-il vouloir la lire, comme Else Lasker-Schüler et même Ingeborg Bachmann qu’à peu près tout le même prétend avoir lu, ce que les faits et bon nombre de discours à son propos infirment.
Car nul propos guerrier n’est à entendre, nulle attitude viriliste, nul discours en vérité, qui ne sont qu’idéologies, seulement un amour pour les hommes et les femmes, et pour l’humanité.
Celle-ci ne réside pas dans l’apparence, elle ne supporte pas les discours et leurs poses, en revanche elle exige d’être expérimentée, pratiquée et louée. Et défendue, par exemple – n’est-ce pas ? – à propos des femmes afghanes ou iraniennes emprisonnées. Elle repousse la polémique avec le sourire de la confiance et à tous égards le souci de la tenue perceptible dès les premières lignes de ce très beau livre.
© André Hirt
Auparavant, un extrait concernant la prison (p. 36) :
« Je ne veux pas penser… Je déposerai un recours contre mon arrestation dès que j’en aurai l’occasion. Mourante, je tiendrais tête à celui qui m’ôte ma liberté… Accordez la liberté de pensée… c’est dans mon esprit, dans mon sang, si profond !…
(…)
Mes yeux partout se heurtent. Tout me serre de trop près. Il n’y a pas d’échappée. Où est le lointain ? Où sont les étendues ? Je m’immobilise… Je ne peux pas respirer. Qu’est-ce donc ? Je le sais maintenant, le sais pour toujours: il n’y a pas d’espace, il n’y a pas de temps, il n’y a pas d’air.
Oh images, imagination ! J’ai besoin d’entendre ma voix… »
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