On peut désormais relire ce livre, et avec quelle émotion !
« Le 16 juillet 1942, mon père savait qu’il allait être « ramassé ». Le bruit en avait couru, une grande rafle se préparait ce jour-là. Rabbin d’une petite synagogue de la rue Duc dans le 18° arrondissement… il était rentré et attendait (…). Il attendait et priait Dieu qu’on vienne le prendre pourvu que sa femme et ses enfants soient sauvés (…).
Nous ne revîmes, en effet, jamais mon père. Aucune nouvelle non plus, sauf une carte envoyée de Drancy, écrite à l’encre violette, avec un timbre sur le dessus représentant le maréchal Pétain. Elle était écrite en français de la main d’un autre. Sans doute lui avait-il été interdit d’écrire en yiddish ou en polonais, langues dans lesquelles il communiquait ordinairement avec nous. »
Sarah Kofman, Rue Ordener, rue Labat, Verdier, 2024, p. 13 & 17.
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