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Musique, Littérature, Arts et Philosophie

(Note d’écoute) Rafael Riqueni, Unico, Live at La Scala, Paris, Scala, 2024.

par | 2/04/2024 | Concert, Discothèque, Disque, Musique, Musiques actuelles

L’Art de la fugue contre L’Art de la guerre et la Fugue de la mort.

Par où nous prend une musique ? Car il est évident qu’elle nous saisit d’une manière ou d’une autre et que sans cette prise, cette forme de rencontre très spéciale qui ne laisse pas indemne, rien n’aura eu lieu que la soumission traumatique au vacarme ambiant. Il faut donc que la musique prenne, qu’elle aitprise sur nous pour qu’une écoute soit au moins possible ; cette prise, faisant office pour ainsi dire de transcendantal de toute écoute musicale, est une condition de possibilité fort paradoxale, très peu orthodoxe puisqu’elle s’effectue à même l’empirique. 

         Si d’aventure ça prend, si par conséquent un embrayage nouveau survient alors sur le plan de nos existences, c’est que telle musique nous pénètre avec toujours plus ou moins d’effraction par un biais qui d’abord et surtout est le fait d’un corps, autrement dit par le canal assez mystérieux de notre sensibilité. Certaines musiques nous prennent par le cœur, d’autres par la seule audition (si toutefois une telle chose est même possible), d’autres par l’organe de la pensée (ce qui semble encore moins possible), d’autres par le ventre voire le bas ventre ou encore par les tripes pour le dire vulgairement ; parfois même ça nous prend par la plante des pieds, comme si la musique remontait de quelque enfer, de bas en haut, une musique chthonienne qui viendrait du ventre de la terre pour nous envahir, nous annexer, nous porter vers la danse ou… la marche au pas. Qu’importe la voie, l’essentiel reste que la prise, peut-être l’enlèvement, le rapt de la subjectivité, s’effectue.

 

           On dira que la musique flamenca, si par chance ou par grâce elle prend en nous prenant, vient nous chercher au plus profond de la sensibilité, quelque part dans une zone qu’aucune physiologie ne peut sérieusement identifier, au carrefour des nerfs et des sens. La cartographie de ce frayage n’est pas celle des planches d’anatomie modernes ou contemporaines, elle ressortit plutôt à une singulière carte du Tendre qui superposerait sentiments et sensations, mouvements de l’âme et sursauts de la chair, toute une esthétique de l’incarnation traversée, retournée de tous côtés par cette musique à la fois trempée dans la nuit et guettée par le soleil en son zénith, à l’heure la plus grave, à l’instant décisif que seule la météorologie de l’âme éprouve. Tout se passe comme si le son allait instantanément de l’épiderme, qu’il transit jusqu’au fond, au plus intime de ce que nous sommes. Cante rondo dit aussi l’espagnol pour signaler d’emblée cet aller-simple vers les profondeurs de ce que peut une voix, un son, un corps — qu’il s’agisse de celui qui donne le chant ou de son auditoire. Au reste, parmi les différentes étymologies qui visent à rendre compte du sens originaire et supposé vrai de cette musique, celle qui veut que « flamenco » fut le nom d’un poignard est instructive en ce qu’elle renvoie à un geste qui porte un coup, qui pointe et pique, force la chair, s’y enfonce, cherche son cœur, le foyer d’où sourd la vie, ce cœur n’étant pas toujours là où le discours du savant nous dit qu’il est. Qu’il soit létal ou non, ce coup porté laissera obligatoirement quelque trace qu’on ne pourra oublier, ce qui est bien le cas lorsque le flamenco chanté ou pas nous réveille impromptu de notre somnolence ordinaire. C’est donc une question de punctum, et ce de façon absolue, la petite existence de chacun étant alors relevée, comme on le dit d’une sauce épicée, dès lors embarquée dans une dramaturgie autrement plus universelle. L’expression peut prêter au ridicule tant elle est usée jusqu’à la corde (c’est le cas de le dire) mais elle s’impose ici : le cante rondo vient de « la nuit des temps » et nous y ramène. Nuit étoilée certes, nuit andalouse, nuit électrique, magique et toujours un peu mystique, ensorcelée assurément, le sabbat n’est jamais loin ; « plus rien ne s’oppose à la nuit » quand surviennent le cri, le geste, les sons du flamenco qui libèrent toute une sagesse forcément inquiète, cette sagesse dite « tragique » qui vient du corps gitan exemplairement portée à son paroxysme dans leurs meilleurs jours par les plus grands matadors de toros (voyez, entre autres, le « Pharaon » allias Curro Romero  lorsque, sans crier gare, le duende les visite, s’il est vrai que corrida y flamenca sont comme l’envers et l’avers d’un même rapport au monde amplement suffisant pour faire ce qui s’appelle une culture, fut-elle une culture analphabète, comme d’autres (Rimbaud, excusez du peu) ont parlé des « arts analphabètes », culture et arts — à ne surtout pas confondre avec les différentes versions du pop-art et de la pop-culture en général — qui sont peut-être la seule source et ressource de toute culture comme de tous arts auxquels ont serait bien inspiré de revenir en période de médiocrité esthétique.   

 

         Il serait cependant erroné d’essentialiser le flamenco comme s’il était d’un bloc, alors qu’il existe bien des façons différentes d’en moduler l’esprit. De ce point de vue, le récital donné par Rafael Riqueni le 24 mars 2023 à la Piccola Scala de Paris intitulé Ùnico, édité par Scala Music, témoigne de façon magistrale de cette diversité sur fond d’unité. Cet opus reprend en une sorte d’apothéose modeste l’empan mouvementé, chaotique et pour tout dire tragique au sens le plus noble du terme du guitariste sévillan ; occasion nous est alors donnée de savourer un bouquet de variétés et de variations flamencas. Libéré des démons mais possédé par le seul daïmon qui vaille pour un andalou, à savoir le duende,Rafael Riqueni donne à entendre (et à voir pour les heureux qui assistèrent, dans une salle bondée, à ce retour du prodige tout droit venu du mythique quartier de Triana où du reste il réside toujours) une virtuosité assez paradoxale puisqu’il porte son art à un niveau de maîtrise dépourvu de la moindre ostentation. Pas de démonstration donc, pas de tour de force inutile et malvenu, aucune fuite impudente vers quelque climax douteux, mais quelque chose comme une évidence qui, comme le remarquait Nietzsche à propos des pensées inouïes, arrive « sur des pattes de colombes ». On imagine que ce soir-là à la Picola Scala il y eut bien spectacle mais sans rien de spectaculaire, à tel point qu’on est tenté d’évoquer une musique « pure ». Faisons toutefois preuve de précaution avec ce vocable, car d’une part le flamenco ne vise pas a priori la pureté ( et n’est pas d’extraction pure ! ) si par ce vocable on entend l’absence de mélange, de paradoxe voire de contradiction et, d’autre part, c’est de purification qu’il faudrait plutôt parler au sens où ce récital donne à apprécier un flamenco rapporté à son épure, tout en nervosité retenue, un son à la fois sec et chaleureux, fluide et comme travaillé par des pointes, un rythme subtil fait d’accélérations justes, jamais d’hubris (alors qu’on pourrait s’y attendre, voire réclamer notre comptant de dionysisme avec cette musique-là), de savantes involutions du son, une capacité proprement géniale à distiller, seul avec sa guitare sèche et légère, des plages musicales, autrement dit des espaces sonores d’une amplitude tempérée comme une arrière-saison dans les environs de Séville. On entend, on écoute, on savoure ce son unique ; on respire aussi l’atmosphère aérienne d’une fin d’après-midi sévillane comme une « invitation au voyage » pour cette Espagne à la fois réelle et fantasmée, sublime et clownesque que trop d’autochtones aujourd’hui boudent ou feignent d’oublier : une nostalgie souveraine, toute flamenca, nimbe Ùnico

        

         Nous voilà pris corps et biens dès l’entame à la sauveur râpeuse du bien titré Minerico, et l’on n’y peut mais. Il reste qu’on se demande où au juste cette prise s’est effectuée à notre insu. Étonnamment, elle n’est pas venue nous prendre, comme souvent avec le flamenco, au cœur ou par les entrailles, au creux de l’abdomen là d’où sourd le chant ou le cri, par ce vide central qui fait et défait l’émotion sans laquelle le bavardage tient lieu de chant et les vociférations remplacent l’abyssale dignité du cri. Il faut alors admettre que l’enregistrement de ce concert unique nous prend par tous les pores de la peau sans privilégier tel ou tel organe. La prise est totale, immédiate, évidente comme une vérité mathématique façon Descartes. Ce flamenco-là vous enveloppe totalement, on y entre sans y être forcé, sans violence donc faite à notre tissu esthétique, comme letoro bravo est happé par la muleta pour une faena de légende. Et c’est au fond bien normal qu’il en aille ainsi, c’est même en parfaite adéquation avec l’esprit qui fait la signature de ce disque où l’on entend la conversion du chaos en forme impeccable. Les dix morceaux qui le composent comme autant de stations de la « carrière » du guitariste participent tous à leur façon de cette étreinte musicale. On répugne pourtant à parler ici de « carrière » tant il s’agit de tout autre chose, d’une trajectoire, d’un arc tendu comme une corde de guitare sur fond de vide et pas d’un programme finalisé où tout est déjà écrit dans une lettre que jamais n’aura visité l’esprit. Il n’y a pas que les rockstars qui vont au Diable comme d’autres s’avancent vers la fin de l’Histoire (ou de l’histoire) une fleur à la boutonnière. Rafael Riqueni revient de loin, il a côtoyé les affres de l’existence, descendu aux enfers selon l’expression consacrée. Mais voilà, il en est revenu, il a vécu ce qui s’appelle une expérience, soit une traversée de part en part sur laquelle sa grande pudeur, sa vergüenza et la nôtre nous interdit de gloser.

 

         Les hommes en général et les toreros en particulier tombent ; beaucoup aujourd’hui aiment voir ça, s’en délectent en vérité, y détectant une forme supérieure de justice, tout ceci au nom du Bien évidemment. Il est des cornadas fatales. Il arrive pourtant aussi qu’on se relève et qu’on y retourne. Il faut choisir, savoir où l’on veut mettre le curseur sur une existence et/ou sur un parcours artistique. On laissera aux torchons les zooms abjects sur ce qui fait la pornographie d’une vie quand elle est ainsi violée ; on préfèrera l’humble noblesse de la relève, le retour à la vie, la reprise du travail, le goût retrouvé pour la création qui est bien ici l’autre nom pour dire le vif d’une vie. « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort », cette sentence, souvent détournée de son contexte comme bien d’autres s’agissant de Nietzsche, et qui sert de mantra dans les milieux managériaux, a tout de même quelque chose d’ambigu et d’inquiétant. Riqueni n’est pas revenu à proprement parler « plus fort », augmenté en énergie comme l’infatué « qui ne lâche rien » et « va tout bouffer ». La vulgarité n’est pas son fort, exit les goriladas. Si force il y a, il faut aller l’entendre dans la douceur conquise de haute lutte de ses compositions (le morceau intitulé La isleta de los patos, par exemple). Quel est le secret de son temple, cette science artiste qui consiste ici à trouver le ton juste, le rythme approprié à la spécificité d’un affect, à maîtriser l’anarchie de l’aísthêsis, à donner à entendre l’accord exact du temps alenti et de l’espace musical ? Ce genre de performance paradoxale car, là aussi, tout en discrétion introspective, réclame une force sobre, presque austère, le fruit d’une ascèse conduisant à un apaisement qui n’a rien à voir, faut-il le préciser, avec on ne sait quel « lâcher-prise ». Ce n’est pas du quiétisme pour post-modernes, c’est la maîtrise de son art par quelqu’un qui a su se dépouiller du superflu, tout se passant comme s’il avait creusé le son-flamenco pour s’arrêter à sa quintessence, son épure, son nerf irréductible. Pour un peu, en regardant la photo qui figure sur la pochette de ce disque, on parlerait presque d’un exercice de méditation avec guitare. Sans hélas avoir pu l’observer dans son jeu ce soir-là, on entend tout de même la suprême attention portée à l’instrument, seuls quelques « gracias » viennent rappeler que le musicien est bien conscient, et certainement heureux, de se produire en public, tant il est absorbé par cette musique qu’il porte aux sommets, faisant penser à Curro Romero qui, comme l’écrit Jacques Durand dans son jubilatoire Flamenco, toros y olé (p. 69, je souligne) « était comme un vieil artiste prisonnier de sa créativité, rajeuni et surpris par elle, comme pris de cours par son propre enthousiasme, comme traversé par son chant. »

 

         La « connaissance par les gouffres » s’avère parfois être aussi une montée vers le bleu indemne du ciel andalou. D’où cette impression légitime d’une extrême concentration de l’artiste que les morceaux dégagent indubitablement accompagnée du sentiment d’une libération tout aussi ample, respirante en vérité. Il ne faudrait pas pour autant en conclure que ce disque n’est qu’un récapitulatif certes éblouissant de son œuvre, c’en est un sommet certainement qui déjà relance l’avenir comme on envoie les dés. C’est sans doute pour partie en raison de cette épaisseur de vie vécue hors principe de précaution, à l’écart de toute économie existentielle, mais aussi en raison de la culture flamenca et d’abord de sa musique que ce concert déploie une telle unité et tant de variétés dans le jeu avec un seul instrument.  Qu’on nous entende bien : il ne s’agit pas d’affirmer que pour atteindre ce genre de perfection, il faut nécessairement avoir touché le fond. Il se trouve qu’avec Rafael Riqueni, le fait est là, on ne peut que constater que le joyau sonore qu’il offre avec ce disque vient après certaines errances. Or, quand par ailleurs on sait à quel point la culture flamenca accorde une place centrale à ce qui dans une existence touche aux limites, on ne peut qu’en conclure que l’excellence de cet album est due aussi à ce passage aux limites, ceci confirmant s’il le fallait l’indistinction ou l’indécidabilité entre l’art et la vie qui fait du flamenco une musique si particulière induisant un certain style de vie. (Hypothèse : on n’est pas forcément musicien — peut-être le devrait-on, mais c’est une autre affaire — sept jours (et sept nuits) sur sept, mais quand il s’agit de cette musique-là on l’est (ceci vaut aussi pour le jazz) comme on n’est pas seulement torero le dimanche « A las cinco de la tarde », c’est affaire d’éthique, de position face et dans l’existence.)

 

         Aucun morceau de ce concert déjà mémorable ne ressemble au suivant, cependant les changements de ton qui vont avec telle ou telle humeur sont subtils, on y entend la rocaille, on croirait entendre ce timbre (qu’on adore ou exècre) si particulier que la jota résume, qui donne parfois tant de mal à celles et ceux qui apprennent la langue de Cervantes. Pourtant, avec Riqueni, pas de voix, pas de palmas, aucun Danseur des solitudes pour reprendre le titre du livre inspiré que Georges Didi-Huberman à consacré à Israel Galván. Si la musique — ourlée du silence qui nécessairement en fait pleinement partie — touche ici quelque radicalité, cela tient aussi à l’extrême dépouillement de l’agencement homme-guitare-solitude, « guitar que tiene forma de muchacha » aime à rappeler Riqueni.

         Il fallait cette simplicité dans l’espace, simplicité d’espace, sa « réduction » à l’essentiel, pour parvenir à une sorte d’impossible, à savoir, ainsi que le précise le précieux petit livret qui accompagne le disque, les noces inouïes d’un « jeu de guitare lyrique et austère, sobre et chatoyant ». Un flamenco délicat mais jamais maniériste, rigoureux et profondément bouleversant. Car évidemment c’est l’émotion, mieux : toute une gamme d’émotions, qui règne sur tous les morceaux, une émotion tellement travaillée, incorporée, tellement trempée dans la pratique de l’instrument, frottée, exposée, on l’a dit, aux méandres de l’existence, que cette émotion procure à l’auditeur le sentiment, mais d’abord et surtout la sensation, que cet homme, seul, soliste et souverain, expérimente avec sa musique quelque chose comme une réconciliation ( entre autres avec Jovenes à la gravité surmontée ), un « oui » pudique adressé à la vie telle qu’elle est auquel répondent les « olés » laconiques, définitifs et inspirés envoyés par un public ravi.

 

         Musique devenue sage ? Flamenco soft, intégré et « inclusif » comme on dit aujourd’hui, mainstream, touristique jusqu’à se dénaturer tout à fait, jusqu’à perdre son âme ? Évidemment pas. « Le flamenco est noir, le flamenco est une errance, le flamenco est une folie. » rappelle encore Jacques Durand (p. 104). N’oublions jamais cette vérité crue. Partant, on ne peut parler timidement de sagesse que si et seulement si on précise sans tarder que cette sapience-là ne prend sa saveur et son sens qu’à épouser son autre, son double inversé. Le jeu de Riqueni nous rappelle discrètement mais sûrement que le flamenco s’adresse à une sensibilité aristocratique sise au cœur du démos quand il refuse les blandices de tous les petits marquis du bon goût, partisans très intéressés au « culturel ». Le sens de la nostalgie comme celui de l’inévitable s’y entendent dans leur essence, leur Idée. Apaisement relatif, tension discrète mais bien réelle, jubilation intranquille, bulerías disciplinées, telles seraient les vertus distillées par ce jeu de guitare, ainsi en va-t-il notamment avec Trinos. Il entre un mélange quasi alchimique de dionysiaque et d’apollinien dans la musique du guitariste. Le second principe veillant sur le premier pour qu’en aucun cas on ne cède rien aux sirènes de l’outrance, aux séductions délétères d’un emportement inapproprié, à la tentation d’un excès fatal qui ruinerait la pudeur de ce type d’émotion toujours en équilibre fragile Entre dos aguas (qu’on écoute ou réécoute ce titre sur l’album au titre éloquent Fuente y caudal d’un autre maestro : Paco de Lucía).

 

         Sans aucun doute, la nuit du 24 mars 2023 à la Piccola Scala de Paris fut magnétique, hantée par la tradition flamenca reprise à son plus vif autant que par les fantômes de Manuel de Falla et d’Albeniz auxquels on associe souvent Rafael Riqueni. Le guitariste de Triana a reconquis son sitio avec une endurance et une générosité remarquables, il a hissé sa musique rocailleuse, sans concession, à un point d’élévation rarissime dont nous goutons grâce à ce disque la surprenante beauté minérale — du cristal à nos oreilles. Le sitio, l’espace approprié à cet œuvre avec sa recherche du seul point parfait à partir duquel peut rayonner la musique n’est bien sûr jamais donné, il est à faire et à refaire, ce n’est pas une propriété, encore moins une rente, il possède le charme fragile, irrésistible, d’un morceau de musique quand il est le fruit d’une existence saisie par la vérité.

Olé y suerte maestro       

 © Olivier Koettlitz

 

 

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