1933 ne vit paraître qu’une seule fois Die Fackel, en octobre. Karl Kraus, en retrait, a renoncé à y publier les trois-cents pages de Die dritte Walpurgisnacht, qui s’ouvrent sur ces mots : « Mir fällt zu Hitler nichts ein. » Après un adieu à l’ami défunt, la quatrième et dernière page de ce numéro 888 murmure ce poème :
Man frage nicht, was all die Zeit ich machte.
Ich bleibe stumm;
und sage nicht, warum.
Und Stille gibt es, da die Erde krachte.
Kein Wort, das traf;
man spricht nur aus dem Schlaf.
Und träumt von einer Sonne, welche lachte.
Es geht vorbei;
nachher war’s einerlei.
Das Wort entschlief, als jene Welt erwachte.
Qu’on ne demande ce que tout ce temps j’ai fait.
Je reste coi ;
et ne dis pas pourquoi.
Et silence il y a car la terre craquait.
Nul mot qui touchât ;
on ne parle qu’en dormant.
Et l’on rêve encore d’un soleil qui rirait.
Et cela passe ;
après, ce fut pareil.
Le mot s’endormait quand ce monde s’éveillait.
Karl Kraus
Trad. Maxime Faure et Marie Lippert
© Maxime Faure et Marie Lippert
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