(NB : il fut question de cet album ici même il y a peu :
https://www.opus132-blog.fr/discotheque-haxovox-danser-dans-les-cages-ed-petra-2023/
Opus 132 renvoie également à la chaîne Youtube de Haxovox :
https://www.youtube.com/@haxovox
Danser dans les cages de Haxovox est un album ambitieux et multimédia qui fusionne musique, poésie et photographie dans une œuvre radicalement immersive. L’album, disponible en téléchargement et en version Deluxe livre-CD, combine différentes formes d’expression artistique ; une expérience enrichie, dans la version Deluxe, par le regard photographique d’Étienne Orsini, dont les clichés en noir et blanc explorent divers points de vue, superpositions, zones de flou et textures, s’inscrivant pleinement dans la logique plurielle du projet.
Dès la première écoute, on est immergé dans un univers où les frontières entre les genres musicaux semblent s’estomper. Oscillant entre post-rock et dark jazz, pop-folk et ambient, mélodies et bruitisme, cet album singulier dessine un paysage sonore complexe qui n’a rien à envier aux meilleurs réalisations d’Alain Bashung (pour la fusion entre la récitation et le chant), de Ange (pour le lyrisme halluciné), ou encore, dans un autre registre ambient-pop-poétique (pour faire court), du collectif 48 Cameras mené par le regretté Jean Mathoul.
L’album, d’une extraordinaire densité musicale et poétique, comprend douze morceaux, dont quatre instrumentaux. Les textes sont signés Yekta, poète et performeur incandescent et exalté, lequel nous livre ici une prestation vocale impressionnante, tantôt incantatoire, tantôt intimiste, mais toujours d’une justesse irréprochable. La musique, les textes et les arrangements sont idéalement servis par un mixage efficace, sans fioritures ni démonstrations techniques. La puissance de cet enregistrement réside dans sa simplicité et sa minutieuse fidélité aux sujets traités, qu’il s’agisse de chanter l’errance (Au passager des fumées tristes), l’enfermement (Derrière des poignées froides), le vertige du chaos primitif (Station Léviathan, Viatique) ou encore la paradoxale aliénation féérique de l’espace périurbain (Périféeries).
La poésie de Yekta, spectrale et énigmatique, est interprétée avec une intensité captivante. Elle est magnifiquement servie par les guitares, claviers et samples des deux principaux musiciens (STPo et Yekta lui-même), rejoints sur trois morceaux par Marie Bourdellès au saxophone. Les paroles, étranges sans pour autant être impénétrables et inaccessibles, renforcent le caractère introspectif de l’album, plongeant l’auditeur dans une réflexion sur l’amour, la mort, le désir de transcendance et la fugacité du temps.
Danser dans les cages est un album inattendu qui se distingue par son ambiance expérimentale, marquée par des arrangements subtils et des textures sonores ensorcelantes. La production de Yekta et STPo contribue à créer une toile musicale sophistiquée et audacieuse, où chaque instrument semble avoir sa propre place, apportant richesse et profondeur à l’ensemble. Un album urgent et à fleur de peau à écouter sans tarder !
© Michel Delville
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