Cet ouvrage propose de présenter l’ensemble de l’œuvre de Rousseau autour de la lecture détaillée de quelques fragments significatifs. Tout au long de son œuvre, J.-J. Rousseau donne la parole à un cœur de pronoms : « il », « moi », « soi », « nous », « je », chacun d’eux désignant une manière d’exercer le pouvoir « d’acquiescer ou de résister » qui caractérise l’homme. Les cinq chapitres du livre présentent successivement ces pronoms. Ainsi sont exposées les thèses fondamentales de Rousseau touchant l’anthropologie, l’histoire, la politique et l’éthique, en même temps que sont mises en évidence l’unité et la profonde cohérence de l’œuvre.
Tout au long de son œuvre, Rousseau choisit de donner la parole à un chœur de pronoms : « il », « moi », « soi », « nous », « je ». Ils désignent autant de manières d’exercer le pouvoir « d’acquiescer ou de résister » qui distingue l’homme de la bête.
Ainsi naît une constellation de catégories qui restent décisives : contingence, conscience, corps moral et collectif, dégénérescence du gouvernement, sentiment de sociabilité.
Elles inspirent le refus de toute complaisance pour un pouvoir ivre de cupidité et de cruauté, et la détermination à concevoir un « autre lien social que la force ». C’est le champ des questions que nous cherchons encore à explorer sous le nom de politique.
Comment lire une si singulière tentative, mesurer le progrès de cette pensée ? On s’est efforcé ici de venir au plus près des choix d’écriture de Rousseau, à même les genres, les styles, les formulations, les mots. Autrement dit : redécouvrir les plus beaux moments de l’œuvre, en interroger les passages les plus étonnants ou audacieux, revenir sur les plus obscurs.
Et d’abord lire l’ensemble de l’itinéraire, jusqu’aux textes ultimement consacrés au pronom « je », au « moi-même » et au « moi seul ». Ils revendiquent, crescendo, une parole en première personne qui constitue peut-être le legs majeur de Rousseau. Il y annonce et amorce le « grand changement » ou l’« autre monde » dont il n’a cessé de penser les conditions, non pas tant du côté d’un gouvernement que, plus radicalement, dans le « cœur des citoyens ».
Ainsi l’engagement dans une « manière d’écrire » souvent inouïe est indissociablement aussi le témoignage de la possibilité d’une autre « manière d’être ».
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