… grès choqué, sons boisés, métaux tapés qui nous convoquent au rituel – dans Daily Colotomyl’envoutement est immédiat et suscite l’imagerie – martèlement et résonances de toutes parts sont à suivre dans le jour montant…
… semaison, vie, puis extinction des sons, avec toute l’ombre de l’ambiguïté quand cède la corde, imagine-t-on, ou se troue la peau à percussion, ou bien se fêle la tubulure, ou encore se grippe le clétage sur-sollicité du saxophone…
au millième de seconde
le décan traversé
… à chaque son sa chance de monter respirer plus ou moins durablement, certains sont à peine nés, qu’évanouis déjà, d’autres, littéralement dispersés tombés de leurs nues, puis disparus avec le vent résonant qu’ils auront tendus devant eux…
… nudité de la matière sonore, assise ou en mouvement, textuellement nue, sentimentalement nue, perplexité dès lors de l’auditeur qui se retrouve enrôlé dans le mouvement de l’immobilité, et qui ne peut se détacher de cette espèce de bonheur cataleptique…
… effet calmant de ce qui a tourné autour de ce qui, enfin, ne regarde plus rien – dérèglements synesthésiques, versatilité des équilibres, des dynamiques pour que le tempo se vide…
blanc de Saturne
semé d’un sinon demeure l’espace
… sons issus d’un quelconque objet du quotidien sonorisé, pot à eau avec ou sans eau, d’un gong, d’une corde de harpe, qui sont comme des pastilles solitaires, des grains du visage de l’instrument qui les émet, libres dans leur sensation de fini et d’infinies possibilités, insituables dans l’espace et sur l’échelle du temps…
… bien que traversant des tensions contemporaines, ou plutôt une préoccupation – et celle-ci est vertigineuse dans le Trio – la matière sonore se préfère perpétuellement ailleurs, des toboggans de gammes croulant, se recomposant météorent l’espace et font effet de rescousse, de miroir déformant…
… continûment les résonances flottent, se cognent, continûment elles flûtent d’un plan à l’autre, glissent et s’enlacent, elles sont un peu plus que le souffle, emblème de notre mortalité, brouillant les pistes dans cette musique qui de près ou de loin, comme le Sphinx, ne dit mot de son énigme…
being beauteous
tempo vidé
© Mathieu Nuss
CD INITIALE
Nicolas Mondon & l’Ensemble Insolitus
(Daily Colotomy – Semé d’un sinon I – Trio – Cèngkok)
Durée totale : 53’53 Youtube: https://www.youtube.com/watch?v=CtewqH3f94E
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