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Hommage à Aleksander Tanzman (1897 Lodz-1986 Paris).

par | 12/05/2024 | Contemporaine, Discothèque, Musique

L’Art de la fugue contre L’Art de la guerre et la Fugue de la mort.

Tansman Trio plays Tansman, Dux, 2023 ;

Wajnberg, Tansman, Przybylski, Clarinet Quintets, Piotr Messages Quartet, Dux, 2023 ;

Tansman Cosmopolite, Novi Piano Duo, Anna Wielgus-Nowak, Grzegorz Nowak, Dux, 2023.

Aleksander Tanzman appartient à cette classe de compositeurs qu’on peut nommer « les illustres inconnus ». Illustre, il l’est un peu, car il est régulièrement joué, et « inconnu » il l’est tout autant car entend-on parler de lui dans les milieux musicaux qu’on dit cultivés et joue-t-on sa musique en France ? Dieu merci, et pour une fois au moins, il bénéficie d’une belle fiche Wikipedia auprès de laquelle, semble-t-il, on peut s’informer On y apprend avec un peu de stupéfaction tout de même, au regard des remarques qui précèdent, que l’œuvre possède une ampleur considérable. Ainsi, on y prend la mesure de la place qu’il occupait dans la production musicale, surtout juste avant la guerre et ensuite à Paris (oui, à Paris, la capitale pas toujours reconnaissante…).

Il faut ici et aujourd’hui quelques amateurs, le bouche à oreille pour qu’on écoute sa musique et qu’on puisse en vérifier la grande qualité, l’originalité et surtout la fécondité. Puisse l’avenir porter Aleksander Tansman à son véritable et surtout juste rang ! Lui aussi fut une des victimes des modes musicales d’avant-garde à la fin du siècle dernier, de celles qui raflaient sans vergogne toutes les subventions et composaient une musique que personne n’écoutait ou qui faisait semblant de le faire, et qui, de toute façon, a déjà bien disparu.

 

L’histoire de la musique, on l’a compris, comme toute histoire ne vit que d’injustices, sinon il n’y aurait pas d’histoire du tout. Elle finit néanmoins par ramener dans le présent ce qui ne fut pas seulement refoulé, ce qui pourrait encore s’expliquer soit par quelque mécanisme psychique, soit par on ne sait quel dimension conflictuelle dans les champs et les domaines concernés, mais également et surtout par ignorance, cette forme supérieure de la négligence, la plus grande des cruauté qu’on puisse infliger à quelqu’un, en l’occurrence un artiste, au regard de ses pensées, de ses gestes et en l’occurrence de sa création, autrement dit à sa générosité.

La Pologne n’a pas oublié Aleksander Tansman, et vient d’éditer, grâce au label DUX, décidément très précieux, des pièces de musique de chambre du compositeur, dont on sélectionne ici trois volumes. Précisément ceux-là parce qu’ils ne sont sans doute pas représentatifs de la production symphonique et opératique d’Aleksander Tansman, mais parce qu’ils témoignent avec des pièces en apparence mineures, en apparence seulement, de son inventivité. Et on les écoutera certainement en boucle comme celui qui écrit ces lignes, tout heureux de découvrir que l’inspiration n’avait pas quitté la musique d’après-guerre, comme on aurait pu le supposer après l’assèchement musical de Stravinski et les disparitions dans des registres bien différents de Webern et de Richard Strauss.

© André Hirt

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