Au cœur de la pierre, demeure le dessin splendide qu’elle proclame et qui, comme les formes des nuages, comme le profil changeant des flammes et des cascades, ne représente rien. Il ne figura jamais (…) larve ni lémure, qui au vrai n’ont d’apparence que celle que leur prête l’imagination de l’homme ; et il n’y eut jamais d’image, jamais de signe, mais l’imprévisible résultat d’un jeu de pressions inexpiables et de températures telles que la notion même de chaleur n’a plus de sens. En même temps, ces armoiries sont norme et canon de la beauté profonde, celle que, sur le rivage opposé, les rares réussites du génie s’efforcent d’enrichir ou de retrouver. Elles procurent, en outre, prise sur le vif et à tel instant de son progrès, une coupe irrécusable faite dans le tissu de l’univers. Comme l’empreinte fossile, ce sceau, cette trace n’est pas effigie seulement, mais la chose elle-même par miracle stabilisée, qui témoigne de soi et des lois cachées de la lancée commune où la nature entière est entraînée.
Roger Caillois, in Œuvres, Gallimard Quarto, p. 1083.
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