Scala Music poursuit ses publications non seulement originales en elles-mêmes, mais qui, au sens strict, sortent totalement de l’ordinaire. Ainsi ce très beau disque qui conjugue la palette sonore de la viole de gambe, une cantatrice mezzo-soprano et un répertoire très inventif (Debussy en constitue le centre, quasiment l’échelle, et Fauré, mais aussi Nadia Boulanger, Philippe Hersant, Fabien Touchard, Lou Koster, sans oublier Robin Pharo lui-même).

La musique ici, c’est un ressenti très insistant, touche à la peinture, la viole de gambe acquiert la dimension d’un instrument universel, comme un piano, et la voix ajoute, plutôt révèle par aspects les dimensions toujours mélancoliques, profondes, sans romantisme convenu, c’est-à-dire sans facilités et sans pathos, de toutes ces musiques.

Ce que l’on entend résonner en soi, comme dans un rêve, et non après lui, est un écho de l’intemporalité dont les vagues font et défont la scansion de l’éternel retour. Comme dans le Chemin de Jérusalem de Philippe Hersant, cette marche répétitive, en cercle, en appel et en croisement de soi retourne au cœur de la musique et de toute musique. Et, souvenons-nous, le narrateur du Docteur Faustus de Thomas Mann, Serenus Zeitblom, joue de la viole de gambe… Il incarne la musique elle-même, et sa beauté, une sorte d’opposé radical, du moins selon le roman, sous l’influence de Nietzsche, en deçà et au-delà des excroissances musicales pathologiques depuis Wagner qui ont conduit aux extrêmes expressionnistes, aux régressions archaïques et sauvages, aux formalismes pour finir, autant de manifestations d’une ambiguïté de la musique et de ses dangers.

© André Hirt

Une remarque : pourquoi The Waves ? Les Vagues ou Vagues ne convenaient pas ?

Présentation du concert du 13 octobre 2023 à la Scala :

(Youtube) https://lascala-paris.fr/programmation/the-waves-robin-pharo-et-anais-bertrand/